Rien de tel pour démarrer la journée que d’aller faire un petit trot dans le Mont-Royal. Évidemment, de Griffintown, un aller-retour au Quai de l’Horloge convient davantage aux matins de semaine (environ ½ heure), mais le Chemin Olmsted devient particulièrement invitant les week-ends.

Rue William jusqu’à McGill, Saint-Antoine jusqu’à Jean-Paul-Riopelle, et Bleury / du Parc jusqu’à George-Étienne Cartier. L’amorce d’Olmsted est toujours un petit bonheur (vive la garnotte!), et je sais au troisième virage – là où il y a six bancs dans la courbe – si ce sera une bonne ride. Mon segment favori se trouve au faux-plat juste avant le grand escalier et je n’arrive jamais à ne pas sprinter dans le dernier droit qui mène au sommet. À partir de là, c’est redescente, sinueuse au début, en cadence accélérée.

Depuis une vingtaine d’années, j’arpente régulièrement le Mont-Royal à pied ou à vélo et je dois avouer ne pas m’en lasser. Il y a bien sûr la beauté évidente du site, l’évolution des points de vue au fil de l’ascension ou des saisons, et la tranquillité qui y règne si on a le courage de s’y trouver avant 9 h le matin ou après 19 h le soir. Mais il y a également autre chose, un petit plus qui fait de chaque balade une expérience au cœur de Montréal.

J’y ai croisé des écureuils, des marmottes, des renards et des ratons. J’y ai observé des moineaux, des pics, des chouettes et des mésanges. Des chiens inconnus m’ont escorté gentiment, des chauves-souris m’ont frôlé en rase-mottes.

J’y ai croisé des familles en traîne-sauvage, des hippies, des hipsters, des chevaliers médiévaux, des personnalités publiques, un premier ministre français, des talons hauts, des complets-cravates, des sandales (avec et sans chaussettes), des rollerblades, des vacanciers, des policiers à cheval, des camions de la voirie, des nouveaux mariés, des travailleurs, des chômeurs, des clubs de course, des cardio-poussettes, des skieurs nordiques, des chandails trop longs, des shorts trop courts, des petits, des gros, des jeunes, des vieux, des gais, des straights et des entre-les-deux.

J’y ai vu évoluer les tendances en marche, jogging et vélo – les « initiés » se faisant nonchalamment un petit signe de la main – des marcheurs équipés pour un trek au Népal, des joggeurs pour un ultramarathon et des cyclistes pour le Col du Galibier!

En deux mots, j’y ai croisé une Montréal cool et diversifiée.

Au-delà du folklore, le Mont-Royal présente encore – à qui sait voir et écouter – des découvertes à chaque sortie et je m’amuse, au gré des détours, à imaginer la vie des personnes qui s’y promènent et qui s’y sont promenées.

Funiculaire du Mont-Royal

J’ai arpenté la montagne à toutes les heures de tous les jours, à toutes les saisons dans toutes les conditions, pour trouver des idées, faire le point, me dépasser, me reposer, me défouler, réfléchir, fuir, observer. Parfois aussi sans raison, pour le seul plaisir de m’y trouver. M’y retrouver.